mardi 19 avril 2011

So what : l' art est-il quantique ?

Illustrons aujourd'hui la différence ( euphémisme)  entre l' excellence et le génie :

 
La science et la technologie sont condamnées au progrès : Elles améliorent sans cesse l' apport des prédécesseurs et ont imprimé en nous l' idée de progrès.

Or ici intervient une glorieuse différence : l' Art est cet oasis incroyable dans lequel l' idée de progrès est absolument saugrenue : le grand Art survient à différentes époques, parfois contre toute attente, comme un défi salutaire aux rationalisations a posteriori, il se manifeste sous des formes grandioses et séparées, entre lesquelles il n' existe pas les étapes intermédiaires - donc pas d' échelle du continu dans l' Art digne de ce nom.d' où le titre du post. ( l' appellation "histoire de l' Art" m' a toujours paru imbécile ) . Illustrons :

So What , hymne du jazz modal  est un morceau très connu et très joué qui figure initialement sur l' album historique de Miles Davis intitulé Kind of Blue.

au niveau composition, pas à dire, c' est minimal....Rien de tel pour mesurer l' envergure des improvisateurs :
Voici deux versions récentes, propres et excellentes.


 Sylvain Luc ( et dans une moindre mesure Bireli L)  a une technique sidérante, il est particulièrement excellent, mais pour moi, ça s' arrète là : Il marque l' aboutissement du " progrès" en terme de guitare.
Maintenant, parlons musique : Aucun des deux ne supporte la comparaison avec Hendrix, par exemple, même si techniquement, chacun des deux lui est indéniablement supérieur.
Question d' inspiration et de visitation par l' Esprit...qui souffle .... parcimonieusement.

A titre de comparaison :
On a là, outre Miles, Bill Evans au piano, Cannonball Adderley à l' alto, Coltrane au ténor , Paul Chambers à la basse et ... aux drums.
Bref, sur 6 musiciens, 4 qui ont souvent - et en particulier dans ces années là - fait preuve de génie.

Miles,dès le début de son solo après 52 s, éblouissant de cool et de classe, suivi par un Coltrane qui après un début timide s' affirme et s' affirme....
Ces deux versions, cools et proches, semblent avoir fixé la norme pour ce titre.

Six ans plus tard : 1964 : audace absolue et dynamique éblouissante du nouveau quintet de Miles, avec sa dream team.
Pour une émission de télé blanche, 5 noirs en costume cravate jouent une musique phénoménalement audacieuse...combien dans le public ont réalisé la performance - le chef d' oeuvre en direct -  à laquelle ils assistaient ?
Pulsés par le duo Tony Williams et Ron Carter, les 3 autres délivrent des solos sidérants.

Voici un autre bonhomme régulièrement visité - pour ne pas dire squatté- par l' Esprit :
I want to talk about you -1- : 1ère version ( sage) par Coltrane : sur SoulTrane 57 -
Et 6 ans plus tard, le même titre : le timide Coltrane est devenu immense : live at Newport,1963.
Prométhéen .... heu... je crois être à court d' adjectif....

Inutile de prendre au sérieux une histoire de la musique qui oublierait ces deux versions ( Miles 64 et Coltrane 63). Aujourd'hui, dormez bien, rien de comparable.....mais au cas où...Veillons ! !

  So Long....

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