mardi 19 avril 2011

Red House

 Ce post est pour moi immédiatement lié au précédent , mais encore consacré à Jimi Hendrix, et plus spécialement à ce blues qu' il aura joué si souvent, du début à la fin de sa météorique carrière, Red House.
(Avec "Hear my train comin", "Red house" est un marqueur fiable des fluctuations jimiesques, comme " I want to talk about you" l' était pour Coltrane ou "So what" pour Miles.)



Par bonheur, il en existe une vingtaine de versions, dont il n' est pas vain de discuter les mérites.Sinon, tant pis ! car tel est mon propos !

 Allons y peut être crescendo :
Commençons par une bonne version filmée, celle de Stockholm, 1969 :
L' avantage étant de voir Hendrix jouer un de ses morceaux fétiches, et de prendre la température sans trop se brûler, en attendant de plus riches heures.
Curieusement, Hendrix marque une pause vers la 13° seconde et change de tonalité - ce qui rend cette version reconnaissable. ( Peut être pas très frais ce jour là Jimi...).

Beaucoup l' ont cherché : je crois l' avoir trouvé.....pas loin de chez les Monty Python, à la grande époque : 

le GRAHAL: le 22 février 1969, Hendrix joue cette version au Great Royal Albert Hall : Hendrix, de retour à Londres où il a connu le succès, veut marquer un grand coup :
je vous renvoie aux commentaires sur you-tube...je partage l' avis de ceux qui voient en Hendrix le plus grand guitariste de blues qui - ever - fut.
Inutile de jouer beaucoup de notes si on sait donner du sens à une seule : écouter sa note tenue de la 17ème à la 24ème seconde et ses changements de couleurs.....du grand jeu, confirmé par la suite....
Merveilleuse minute, entre 6.40 et 7.40, où Hendrix joue tout seul....M.Mitchell et N.Redding ont compris qu'il est si inspiré qu' ajouter quelque chose est tout simplement superflu, comme E.Jones & co sur I want to talk about you - Coltrane - Newport - 64.
Superbe diaporama en plus.

D' aucuns préfèrent la fameuse version du 24 mai 69 à San Diego :
Avec Hendrix, la moindre note est toujours "habitée" : nul ne sait comme lui tirer sur la corde pour lui faire rendre l'âme....
immense version il est vrai...
J' ai découvert récemment celle-ci : Red House – Boston 1970 -le 27 juin - moins connue notamment à cause de la médiocre qualité sonore....mais les musiciens apprécieront...j' y reviens...j'y reviens....
Possible que ce soit ma préférée...et pour dire le fond de ma pensée, je trouve que Hendrix jouait de mieux en mieux au fur et à mesure de sa trop courte carrière.( Miles Davis préfèrait également le Band of Gypsies à Electric Ladyland.... il faut dire que les versions de Machine gun du Fillmore, c'est...... ( adjectifs hyperboliques).....



..Voilà un avis qui mérite considération..... immense perte ! ! ! 




   Amen !



So what : l' art est-il quantique ?

Illustrons aujourd'hui la différence ( euphémisme)  entre l' excellence et le génie :

 
La science et la technologie sont condamnées au progrès : Elles améliorent sans cesse l' apport des prédécesseurs et ont imprimé en nous l' idée de progrès.

Or ici intervient une glorieuse différence : l' Art est cet oasis incroyable dans lequel l' idée de progrès est absolument saugrenue : le grand Art survient à différentes époques, parfois contre toute attente, comme un défi salutaire aux rationalisations a posteriori, il se manifeste sous des formes grandioses et séparées, entre lesquelles il n' existe pas les étapes intermédiaires - donc pas d' échelle du continu dans l' Art digne de ce nom.d' où le titre du post. ( l' appellation "histoire de l' Art" m' a toujours paru imbécile ) . Illustrons :

So What , hymne du jazz modal  est un morceau très connu et très joué qui figure initialement sur l' album historique de Miles Davis intitulé Kind of Blue.

au niveau composition, pas à dire, c' est minimal....Rien de tel pour mesurer l' envergure des improvisateurs :
Voici deux versions récentes, propres et excellentes.


 Sylvain Luc ( et dans une moindre mesure Bireli L)  a une technique sidérante, il est particulièrement excellent, mais pour moi, ça s' arrète là : Il marque l' aboutissement du " progrès" en terme de guitare.
Maintenant, parlons musique : Aucun des deux ne supporte la comparaison avec Hendrix, par exemple, même si techniquement, chacun des deux lui est indéniablement supérieur.
Question d' inspiration et de visitation par l' Esprit...qui souffle .... parcimonieusement.

A titre de comparaison :
On a là, outre Miles, Bill Evans au piano, Cannonball Adderley à l' alto, Coltrane au ténor , Paul Chambers à la basse et ... aux drums.
Bref, sur 6 musiciens, 4 qui ont souvent - et en particulier dans ces années là - fait preuve de génie.

Miles,dès le début de son solo après 52 s, éblouissant de cool et de classe, suivi par un Coltrane qui après un début timide s' affirme et s' affirme....
Ces deux versions, cools et proches, semblent avoir fixé la norme pour ce titre.

Six ans plus tard : 1964 : audace absolue et dynamique éblouissante du nouveau quintet de Miles, avec sa dream team.
Pour une émission de télé blanche, 5 noirs en costume cravate jouent une musique phénoménalement audacieuse...combien dans le public ont réalisé la performance - le chef d' oeuvre en direct -  à laquelle ils assistaient ?
Pulsés par le duo Tony Williams et Ron Carter, les 3 autres délivrent des solos sidérants.

Voici un autre bonhomme régulièrement visité - pour ne pas dire squatté- par l' Esprit :
I want to talk about you -1- : 1ère version ( sage) par Coltrane : sur SoulTrane 57 -
Et 6 ans plus tard, le même titre : le timide Coltrane est devenu immense : live at Newport,1963.
Prométhéen .... heu... je crois être à court d' adjectif....

Inutile de prendre au sérieux une histoire de la musique qui oublierait ces deux versions ( Miles 64 et Coltrane 63). Aujourd'hui, dormez bien, rien de comparable.....mais au cas où...Veillons ! !

  So Long....

dimanche 10 avril 2011

Esprit, es tu là ? ... Roland KIRK.... du Souffle et du Coeur.


Voici un grand souffleur. Roland Kirk a très tôt été aveugle, et s’ est donc très vite passionné pour le monde des sons. ( Comme Stevie Wonder, Lennie Tristano ou Art Tatum…mais eux se sont consacrés au piano).


 Mais Kirk ne pouvait pas se contenter de jouer sagement de la flute ou du saxophone : il a  développé une technique de respiration circulaire luis permettant de jouer de plusieurs instruments à la fois sans reprendre son souffle ! !
Il reste un flutiste fabuleux  (qui aura servi de modèle à Ian Anderson de Jethro Tull)  et un immense souffleur.
On trouve sur you-tube plusieurs extraits d’un documentaire appelé « Sounds » extrêmement intéressant puisque y figurent John Cage, le théoricien, l’ homme des pianos –préparés (trafiqués pour changer la qualité de leur son) , penseur du son et de la musique et Roland Kirk, l’ expérimentateur permanent et inspiré.
SONS TOUS AZIMUTHS !

pour le plaisir de voir en alternance John Cage et Roland Kirk :


L’ Esprit souffle où il veut et il est passé par les poumons de Roland Kirk.
un aperçu rapide : 

Roland Kirk a souvent joué avec Charles Mingus en 1962-63...il en reste quelques traces magnifiques.
avec Charles Mingus : sublime ! ! !

Presentation lors de l’ emission Night Music :





you did it :

au sax, dans le territoire de Coltrane : misty & I want to talk about you :


Pour conclure : Rêvons un peu :  BeenBad4U il y a 1 an  a laissé un comment de you-tube
Jimi Hendrix was influenced by Kirk and spoke highly of him. They reportedly jammed on 3/8/69 @ Ronnie Scott's Club in London, and Jimi recorded ALL of his jams!!! 
quelqu'un confirme ? 

....tchusss....