lundi 3 janvier 2011

Brillant Ennio - pour un postmodernisme ludique

Attention ! ! rien à voir avec Brian ENO (créateur de 2ème ou 3ème catégorie).
Vers 1963, Nostradamus pouvait raisonnablement estimer que le western était un genre usé, sans avenir : il devait en exister déjà environ 200... un créateur ordinaire voulait raisonnablement passer à autre chose...Mais c' était compter sans Sergio Leone.
Les Américains ne pouvaient plus rien apporter au genre ; il fallait un oeil extérieur. L' Italie, pilier de la vieille Europe ( pauvre G.W Bush...) ,autant dire de la culture, avec sa riche tradition et en peinture et en musique-surtout opéra- allait encore nous éblouir en nous donnant un grand créateur - un visionnaire.
.Sergio Leone ( qui a signé son 1° western Bob Robertson ) a réalisé au moins 4 films immenses, probablement indépassables dans leur genre tant ils sont aboutis....et merveilleusement renouvelé un genre moribond. Ce réalisateur a vraiment intégré que son spectateur a déjà vu des centaines-des milliers de films, que toute scène ou situation est forcément une redite, d' où l' attention à de petits détails qui redonnent unicité et fraicheur à cette scène.
Ses grands films , véritables opéras, se déploient comme des fresques. L' immensité sauvage du paysage, personnage à part entière, réduit la part possible de l' humain - souvent réduite à de cyniques rapports de forces ou à des comportements de brutes demeurées. Les scènes de fraternité , lyriques, n' en sont que plus émouvantes.
Indépendamment de ce qui arrive ou n' arrive pas, c' est l' attente qui est magnifique, a écrit Breton, lors d' une des rares fois où il s' est montré bon poète.
Dans ces scènes d' attente, Sergio est dans son élément, insurpassable : comme dans le début de once upon a time in the west, où les 3 tueurs attendent Charles Bronson, merveilleuse scène sans dialogue étalée sur 15 ou 20  min, ou il a du falloir de nombreuses prises pour que la mouche veuille bien jouer son rôle ....

Il lui faut donc un musicien qui connaisse à fond la dramaturgie de l' opéra, qui soit un maitre de la suggestion de l' ambiance, de la tension irrésolue, capable d' évoquer le Mexique en jouant sur la couleur de la guitare ou de la trompette, aussi à l' aise dans le lyrisme, dans le suspense ou dans l' ironie.
Par bonheur, Sergio a trouvé le musicien à sa mesure...un autre italien, le compositeur dont la musique amplifie et épouse le film aussi opportunément que la double spirale de l' ADN. Compositeur habile, diaboliquement astucieux en orchestration....Les versions de John Zorn, pourtant très fort en la matière, sont fortintéressantes, mais toutes inférieures à celles du maestro Ennio...
Morricone sait que l' auditeur moyen a un faible "attention spam" ; il doit l'accrocher avec un thème de 20 s. Les médiocres se contentent de répéter le thème en question. Morricone sait soit en dériver d' intéressantes varitations, soit jouer sur les couleurs de l' orchestration en n' ayant pas peur d' aller très loin ( écouter Navajo Joe  ou pour un film d' horreur, l' oiseau aux plumes de cristal de (Dario Argento)).


Pour bien commencer l' année.   le film est médiocre, mais la limpidité de la musique cache une orchestration d' une redoutable subtilité et richesse !! . Qui prétendra pouvoir améliorer cette orchestration ?

la psychologie réinventée avec un harmonica 
Autant il semble aujourd'hui impossible d'imaginer le Valhalla sans les couleurs orchestrales de Wagner, autant Once upon a time in the west est l' aboutissement de la forme western du tandem Sergio- Ennio.

et il y a là matière à retravailler à l' infini...

le diable est dans les détails - incroyablement subtil - en prime, le plus beau diaporama
un concurrent sérieux pour l' Internationale - le rêve d' une fraternité humaniste -
 première partie, un harmonica et l' unité des sifflements des travailleurs - deuxième partie, le versant lyrique, délicat et orchestré du grand Ennio.....
Slalom - version sage. il en existe une version chantée plus enlevée.....
oscillations entre l'ironie et le lyrisme   immense film.
comment traduire un complot bien tordu en musique

du bon usage raisonné de la musique contemporaine au service du film d' horreur

des peaux rouges criards les avaient pris pour cibles.

Tarantino est l' enfant naturel de ce postmodernisme : il a du voir 10 000 films, dont il est tellement nourri qu'il n'utilise pas de nouvelle musique mais réutilise sans cesse des thèmes anciens ayant fonctionné pour d' autres films. ( Comme ce dernier thème
où le héros solitaire de l' Ouest avance, de plus en plus décidé et irrésistible comme le boléro de Ravel 
pour le début de son Inglorious bastards.).

Enfin , il serait malhonnête de terminer sans remercier celui qui a mis en ligne tant de joyaux enniens....

.... à suivre.

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